lunes, 31 de marzo de 2008












boomp3.com

A

Compréhension orale 1

Nuancez le degré de vérité ou de fausseté des propositions suivantes. Donnez-en des explications :

1. Une jeune fille raconte l’histoire de sa vie


2. Quelqu’un raconte la vie d’une jeune fille.


3. On rapporte une chronique.


4. On raconte l’histoire des amours illicites d’une jeune fille avec un brigand.


5. Nos sommes tous invités à écouter une histoire exemplaire.


6. C’est une histoire dédiée surtout aux jeunes qui n’ont pas trop d’expérience de l’amour.


7. Les filles de Séville et de Grenade sont des proies faciles de l’amour.


8. Doña Padilla se distinguait par sa chasteté.


9. Elle rentra dans les ordres malgré elle.


10.Les gens du lieu n’étaient pas contents qu’elle prenne le voile.


11.Une fois dans le couvent elle tomba amoureuse d’un beau brigand.


12.Une fois dans le couvent elle tomba amoureuse d’un fier brigand.


13.Une fois dans le couvent elle tomba amoureuse brigand très austère.


14.La nonne conduisit le brigand à l’enfer.


15.La nonne donna un rendez-vous sacrilège au brigand.


16.Dieu punit les amants d’un coup de foudre.



A


Compréhension orale 2


Venez, vous dont l'œil ________,

Pour entendre une histoire _________,

Approchez : je vous dirai celle

De doña Padilla del Flor.

Elle était d'Alanje, où _________

Les collines et les halliers

Enfants, voici des bœufs qui passent,

Cachez vos rouges tabliers !

Il est des filles a Grenade,

Il en est à Séville aussi,

Qui, pour la moindre ________,

A l'amour demandent _______ ;

Il en est que parfois _____________,

Le soir, de hardis _____________.

Enfants, voici des bœufs qui passent,

Cachez vos rouges tabliers !

Ce n'est pas sur ce ton _________

Qu'il faut parler de Padilla,

Car jamais prunelle _________

D'un feu plus chaste ne _______ ;

Elle fuyait ceux qui __________

Les filles sous les peupliers.

­Enfants, voici des bœufs qui passent,

Cachez vos rouges tabliers !

Elle prit le voile a__________,

Au grand soupir des gens du lieu,

Comme si, quand on n'est pas ______,

On avait droit d'épouser _______

Peu s'en fallut que ne pleurassent

Les soudards et les écoliers

­Enfants, voici des bœufs qui passent,

Cachez vos rouges tabliers !

Or, la belle à peine cloîtrée,

Amour en son cœur _____________

Un fier brigand de la __________

Vint alors et dit : _________ !

Quelquefois les brigands __________

En audace les ___________

Enfants, voici des bœufs qui passent,

Cachez vos rouges tabliers.

Il était laid : des traits _________,

La main plus rude que le _________ ;

Mais l'amour a bien des _____________,

Et la nonne aima le ___________.

On voit des biches qui ___________

Leurs beaux cerfs par des ____________

­Enfants, voici des bœufs qui passent,

Cachez vos rouges tabliers !

La nonne osa, dit la ___________,

Au brigand par l'enfer ___________,

Aux pieds de sainte Véronique

Donner un rendez-vous la nuit,

A l'heure où les corbeaux ___________,

Volant dans l'ombre par ____________

­Enfants, voici des bœufs qui passent,

Cachez vos rouges tabliers !

Or quand, dans la nef ______________,

La nonne appela le ______________,

Au lieu de la voix _____________,

C'est la foudre qui _____________.

Dieu voulut que ses coups frappassent

Les amants par Satan _______

Enfants, voici des bœufs qui passent,

Cachez vos rouges tabliers !

Cette histoire de la ___________,

Saint Ildefonse, abbé, _________

Qu'afin de préserver du __________

Les vierges qui font leur ________,

Les prieurs la ______________

Dans tous les couvents _____________. ­

Enfants, voici des bœufs qui passent,

Cachez vos rouges tabliers !



B

Cherchez dans ce conte les éléments suivants :

Présentation

du vers : ___

au vers : ___

Situation initiale d’ordre


Conflit

du vers : ___

au vers : ___

Un éloignement


Une interdiction


Une transgression


Un méfait


Dénouement

du vers : ___

au vers : ___

Une punition.


Morale de l’histoire



C

Expression orale

LA LÉGENDE DE LA NONNE

Avant d’écrire une nouvelle version de « La légende de la nonne » il faudra que vous fassiez une ébauche orale à l’aide de certains repères.

1. Description des personnages.

2. Explication de leur caractère à partir de leurs histoires.

3. Imaginez leur première rencontre.

4. La transformation psychologique provoquée par la passion amoureuse.

5. Mise au ban par la société

6. Le dénouement.

a). Cherchez dans le texte de la chanson des éléments qui permettent d'imaginer les personnages.

La nonne : parlez de son intelligence, de sa finesse d’esprit, de sa naïveté, de sa morale inébranlable, de sa délicatesse, de sa beauté, de sa jeunesse, de sa curiosité, de son amour envers les pauvres et les déshérités de toutes sortes, de sa jeunesse…

Le brigand : astucieux, rusé, malin, hardi, audacieux, osé, dévergondé, éhonté, vulgaire, rude, dur, grand, fort, laid, les traits austères.

Les gens.(société) Imaginez les mœurs d’une petite ville de province. Société ancrée dans des normes, des lois, des règles étouffantes qui ankylosent toute évolution; société hypocrite, fortement hiérarchisée où la jalousie, l’envie, le paraître, la médisance empoisonnent les rapports entre les gens.

b) Comment expliquez-vous le caractère des deux personnages principaux ? Pour ce faire imaginez leurs histoires.

La nonne : enfance heureuse, famille aristocratique, haute bourgeoisie, éducation religieuse assez sévère…?

Le brigand :

- De famille aristocratique, noble au vrai sens du mot, vertueuse et moralement sans reproches, lui c’est la brebis égarée, ayant été déniaisé lors de différentes guerres auxquelles il a participé.

- C’est un débauché (il mène une vie de débauche) à l’instar de sa famille, aristocratique mais décadente.

- De famille modeste, pauvre voire misérable, il hait (détester, se moquer de, être ressenti contre) les autres classes sociales. Or, grâce à son intelligence il fut choisi, parmi d’autres enfants aussi démunis que lui, pour parfaire son éducation chez les

- Oratoriens ou chez les Jésuites.

c) La rencontre : Oú ? Quand ? Pourquoi ? Comment ?

· À l’église : Il l’a rencontrée quand elle allait à la messe lors de la fête de la patronne de la ville. Il l’a vue, elle l’a vu.

Elle a senti à l’église qu’elle ne pouvait pas prier : l’image de Dieu s’évanouissait laissant place à une autre en quelque sorte diabolique mais agréable…Lui, il a soudoyé la duègne/confidente/chaperon/gouvernante et il est entré, la nuit, dans sa chambre…

· Un enlèvement : elle s’est fait enlever par le bandit lors de sa promenade quotidienne. Le brigand avait parié, avec d’autres pire que lui, qu’il la rendrait amoureuse.

· Autre

d) Conséquences de la rencontre :

· Passion amoureuse débordante,

· Désordre des sentiments….

· Après les hésitations, après le doute, après la lutte intérieure il se produit chez elle une transformation : Elle s'affronte à la société qu’elle met en cause. Elle fait son choix. Elle devient osée. Elle se sent rejetée par son entourage qui, maintenant, en profite pour la traîner dans la boue.

· Lui, de même, sentiment inconnu, il est épris d’elle. Il s’adoucit. Il n’a donc nulle force ni autorité sur les autres membres de la bande de malfaiteurs. Dès lors, c’est à sa société de brigands qu’il s’oppose, c’est elle que lui, il va remettre en cause.

e) La fuite :

- Étant impossible pour tous les deux de rester dans leurs sociétés respectives ils doivent s’enfuir quelque part où personne ne les connaisse.

- Elle, de mèche avec sa gouvernante, quitte sa maison ….

f) La mort des amants et son interprétation par les villageois.

D

Expression écrite

Faites le récit de « la légende de la nonne » en 250 mots maximum


Version 1

LA LÉGENDE DE LUCINDE


La plus jolie et la plus intelligente fille de l’université, Lucinde était un ange. Les hommes rêvaient d’elle à cause de sa joie et sa désinvolture. Fille unique d’une famille aristocratique dont elle reniait, elle s’était engagé dans des organisations dont le but était l’aide des plus défavorisés. Elle détestait la vie de ses copains toute pleine de fêtes, longs voyages et promenades à cheval. Généreuse et avec un sens très profond de la justice et de l’égalité elle avait pour tous un cœur d’or à telle point que son seul rêve c’était de partir au Tiers Monde aider les oubliés.


Il se promenait à l’université toujours en compagnie des plus belles filles, mais personne ne pourrait dire à quelle Faculté René était inscrit. Chassé par son père du foyer familial il était toujours à la recherche d’une nouvelle proie. Cette fois il cherchait le gros lot.


Lucinde attira bientôt l’attention de René. Vu qu’elle n’était accessible que si l’on parlait de justice, de générosité et d’autres bêtises il fit croire à Lucinda en entrant sur son blog, après avoir lu deux livres sur la justice nord-sud, qu’il travaillait depuis quelques années entre les jeunes de banlieue. C’est comme ça qu’ils ont partagé plusieurs heures et l’amitié est née.


Un mois plus tard ils partaient en Afrique engagés volontaires au sein de l’ONG où Lucinde travaillait depuis quatre ans.


À Darfour on a fort travaillé, toujours coude à coude et finalement l’amour est né au cœur de Lucinde et ils ont partagé aussi leurs nuits.

Lorsque René s’était aperçu que Lucinde était follement amoureuse au point de ne pouvoir plus rester même une heure sans lui, il l’avoua être malade d’une maladie que seulement un médecin Suisse pourrait guérir, mais que ce serait très cher. Il devrait partir.


Affolée à l’idée de perdre son amour, Lucinde, décida de partir avec lui en apportant tout l’argent qu’ils avaient reçu pour gérer le centre d’accueil dont ils étaient les responsables.


Une nuit ils sont partis en cachète pour arriver à l’aéroport d’Al Fashir au petit matin mais ils n’avaient parcouru que quelques kilomètres qu’ils ont été attaqués par les milices arabes.


On nous informe de Darfour qu’un véhicule aurait été détruit à quinze kilomètres du camp C. Trois cadavres calcinés dont deux volontaires portées disparus auraient été repérés. La disparition des volontaires serait en rapport avec celle de l’argent dont ils étaient les responsables.

JAPR

Version 2

LA LÉGENDE DE LA NONNE



Fille unique d’une famille de vielle souche, élévée dans les sévères préceptes religieux, la chasteté et la beauté de Doña Padilla étaient renommées dans toute l’Andalousie, tant et si bien que son père, homme prudent, décida qu’elle prenne le voile lorsqu'elle avait seize ans à peine.


Son père eut beau la cacher, elle fut vite trouvée par le plus hardi chevalier espagnol, endurci dans la guerre et l’amour. Il chercha la rencontre lors de la messe. Et c’est comme ça que la pauvre Padilla, qui n’apprit jamais à distinguer les loups des agneaux, trembla sous le regard osé du rude brigand.


Dans ses lettres, il ne lui parla pas d’amour, mais de rédemption, et c’est sous prétexte de chercher son aide pieuse qu’il s’introduisit enfin dans la chambre de la nonne. Il avait parié sa vertu; néanmoins, dès qu’il l’embrassa, ils furent pris, tous les deux, chasseur et proie, au piège.


Il n’y a pas de merci pour les tricheurs qui veulent se jouer des règles de leurs condition, personne ne se plaint de la vertu raté; ça, il le savait bien et elle l’apprit rapidement. Il ne leur restait que s’enfuir, mais au dernier moment, les remords s'emparèrent de la conscience de la nonne, elle se confia à son prêtre et, la nuit, des soldats attendirent le rendez-vous. Le brigand se battit jusqu’à la mort, faisant honneur à son nom. La novice, elle, se condamna en se jetant du balcon afin de rejoindre son aimé, soit dans le ciel, par la grâce de Dieu, soit dans l’enfer, par la faute de son péché.


AD



Version 3


Jeune, naïve, intelligente, courageuse et belle, Dª Padilla était devenue l'une des femmes les plus célèbres et désirées dans cette petite ville de province ancrée dans le passé, où elle habitait. Son appartenance à une haute classe sociale mais, en même temps, hypocrite et fermée, interdisait tout type de relation personnelle en dehors du mariage. En conséquence, elle devait bien cacher son inclination pour le brigand dont elle était amoureuse après l'avoir connu un froid dimanche de janvier à l'église. Elle y était entrée avec la foi qu'elle avait toujours en présence de Dieu, lorsque, tout à coup, en tournant sa tête à gauche, elle l'avait vu: fort, grand, audacieux. Ils n'avaient pas échangé des mots. Cependant, leur regard suffisait.

Dès lors, elle ne cessait pas de penser à lui, et, à cause de cette rencontre, tous les gens autour d'elle s'étaient rendus compte du changement de son charactère, de sorte qu'elle était devenue rude, dure, osée, exactement comme on dépeignait ceux qui lui connaissaient.

D'un autre côté, même s'il appartenait à une famille aristocratique et avait reçu une éducation religieuse, il n'avait rien en commun avec elle, sauf une passion débordante pour commencer cette relation.

Quelques mois se sont passés mais leurs sentiments restaient toujours les mêmes. Un jour, pendant sa promenade quotidienne, Dª Padilla a pris la décision de s'enfuir avec lui et sa bande de malfaiteurs. Son choix était fait mais non pas sans y avoir pensé nuit après nuit, tourmentée par des désirs contradictoires et confus et par l'embarras auquel sa famille devrait face quand la nouvelle serait connue.

À peine étaient-ils sortis du village qu'une embuscade leur était tendue. Tout les deux, Dª Padilla et le brigand sont morts. Personne n'a jamais su qui la commandait. Toutefois, on dit que le père de notre héroïne, en voulant éviter des souffrances et des humiliations à sa fille, avait décidé de mettre fin à sa vie, de crainte qu'un autre homme ne le fasse sans en avoir le droit.

En conclusion, cette légende essaie de faire entendre raison aux filles qui tombent amoureuses des hommes dévergondés qui ne leur amènent que des soucis et des malheurs, pour qu'elles aient le temps de se rendre compte avant de tomber dans leur piège.

EDA

martes, 18 de marzo de 2008

Du monologue intérieur au récit à la troisième personne.


Voici quelques exercices de style: à partir d'un fragment appartenant au roman d'Édouard Dujardin "les lauriers sont coupés", on rédige plusieurs textes en changeant de point de vue.

A) Monologue intérieur

Édouard Dujardin (1861-1949)
Les lauriers sont coupés (1888)

[Wagnérien, membre du cénacle de Stéphane Mallarmé, Édouard Dujardin avait vingt-cinq ans lorsqu'il entreprit d'écrire ce petit roman en 1886 : « C'est, tout simplement, le récit de six heures de la vie d'un jeune homme qui est amoureux d'une demoiselle - six heures, pendant lesquelles rien, aucune aventure n'arrive.» Daniel Prince, étudiant à Paris, rencontre un ami, dîne seul au restaurant, rentre se préparer chez lui, puis rejoint l'actrice débutante qui, comme l'Odette de Swann, chez Proust, occupe ses pensées alors qu'elle n'est « même pas son genre.»]

Illuminé, rouge, doré, le café ; les glaces étincelantes ; un garçon au tablier blanc ; les colonnes chargées de chapeaux et de pardessus. Y a-t-il ici quelqu'un de connaissance ? Ces gens me regardent entrer ; un monsieur maigre aux favoris longs, quelle gravité ! les tables sont pleines ; où m'installerai-je ? là-bas un vide ; justement ma place habituelle ; on peut avoir une place habituelle ; Léa n'aurait pas de quoi se moquer.

- Si monsieur...

Le garçon. La table. Mon chapeau au porte-manteau. Retirons nos gants ; il faut les jeter négligemment sur la table, à côté de l'assiette ; plutôt dans la poche du pardessus ; non, sur la table ; ces petites choses sont de la tenue générale. Mon pardessus au porte-manteau ; je m'assieds ; ouf ! j'étais las. Je mettrai dans la poche de mon pardessus mes gants. Illuminé, doré, rouge, avec les glaces cet étincellement ; quoi ? le café ; le café où je suis. Ah ! j'étais las. Le garçon :

- Potage bisque, Saint-Germain, consommé...

- Consommé.

- Ensuite, monsieur prendra...

- Montrez-moi la carte..

- Vin blanc, vin rouge...

- Rouge...

La carte. Poissons, sole... Bien, une sole. Entrées, côte de pré-salé... non. Poulet... soit.

- Une sole ; du poulet ; avec du cresson.

- Sole ; poulet-cresson.

Ainsi, je vais dîner ; rien là de déplaisant. Voilà une assez jolie femme ; ni brune ni blonde ; ma foi, air choisi ; elle doit être grande : c'est la femme de cet homme chauve qui me tourne le dos ; sa maîtresse plutôt ; elle n'a pas trop les façons d'une femme légitime ; assez jolie, certes. Si elle pouvait regarder par ici ; elle est presque en face de moi ; comment faire ? A quoi bon ? Elle m'a vu. Elle est jolie ; et ce monsieur paraît stupide ; malheureusement je ne vois de lui que le dos ; je voudrais bien connaître aussi sa figure ; c'est un avoué, un notaire de province ; suis-je bête ! Et le consommé ? La glace devant moi reflète le cadre doré ; le cadre doré qui est donc derrière moi ; ces enluminures sont vermillonnées, les feux de teintes écarlates ; c'est le gaz tout jaune clair qui allume les murs ; jaunes aussi du gaz, les nappes blanches, les glaces, les verreries. On est commodément ; confortablement. Voici le consommé, le consommé fumant ; attention à ce que le garçon ne m'en éclabousse rien. Non ; mangeons. Ce bouillon est trop chaud ; essayons encore. Pas mauvais. J'ai déjeuné un peu tard, et je n'ai guère faim ; il faut pourtant dîner. Fini, le potage. De nouveau cette femme a regardé par ici ; elle a des yeux expressifs et le monsieur parait terne ; ce serait extraordinaire que je fisse connaissance avec elle ; pourquoi pas ? II y a des circonstances si bizarres ; d'abord en la considérant longtemps, je puis commencer quelque chose ; ils sont au rôti ; bah ! j'aurai, si je veux, achevé en même temps qu'eux ; où est le garçon, qu'il se hâte ; jamais on n'achève dans ces restaurants ; si je pouvais m'arranger à dîner chez moi ; peut-être que mon concierge me ferait faire quelque cuisine à peu de frais chaque jour. Ce serait mauvais. Je suis ridicule ; ce serait ennuyeux ; les jours où je ne puis rentrer, qu'adviendrait-il ? au moins dans un restaurant on ne s'ennuie pas.



B) Récit indirect libre: Version A.

Le café était bien illuminé. Les rouges et les dorés étincelaient sur les glaces. Un garçon au tablier blanc restait absolument immobile devant les colonnes chargées de pardessus et de chapeaux. Daniel a parcouru de ses yeux tout le café mais il n'a reconnu personne. Quelques têtes se sont levées un instant pour le regarder, puis les gens ont continué avec leurs conversations et leurs dîners. Un homme maigre, aux favoris longs, lui a fixé des yeux avec un air grave. Daniel a échappé à son regard, incommodé. Il s'est mis à chercher de la place, le café était tellement plein. Mais là-bas, au fond, sa table habituelle était vide. Daniel a marché vers la table en se demandant s'il est possible d'avoir une place réservée pour quelqu'un dans la vie.

Le garçon s'est approché de lui sans qu'il s'en soit aperçu.

-Si monsieur...

Daniel a enlevé son chapeau et, d'un beau mouvement, il l'a accroché au porte-manteau. Après, il a retiré ses gants mais son rôle n'est pas allé plus loin. Un terrible doute a paralysé ses mains. Elles ne savaient pas si laisser les gants négligemment à côté de l'assiette ou les mettre dans la poche de son pardessus. La rougeur de son visage augmentait au fur et à mesure qu'il en était conscient. Daniel les a laissés tomber maladroitement sur la table. Puis il a enlevé son pardessus et l'a mis au porte-manteau. Avec un soupir de soulagement il s'est assis. Il se sentait vraiment fatigué, mais à nouveau il a été conscient de ses gants sur la table et a pensé à se lever et, finalement, les mettre dans la poche de son pardessus. Soudain, comme s'il revenait d'un autre monde, il a vivement remarqué le rouge et le doré étincelant sur les glaces, le garçon à son côté, grave et courtois. D'un brusque mouvement, il les a emboutis dans son pardessus.

-Potage bisque, Saint-Germain, consommé...

-Consommé.

-Ensuite, monsieur prendra...

-Montrez-moi la carte…

-Vin blanc, vin rouge...

-Rouge...

Daniel a regardé la carte. Il l’a lue rapidement (Il l’a parcourue rapidement), poissons, sole... Sa *décision fût rapide : sole. Puis un autre doute : du poulet ou côte de pré-salé.

-Sole ; poulet-cresson -dit-il à la fin.

Le garçon *s'en est allé et Daniel s'est décontracté. Il a regardé autour de lui et soudain il a vu une femme assise à la table à côté de la sienne, face à lui, tandis que l'homme qui *l'accompagnait lui tournait le dos. Il l'a regardée longuement. Elle n'était ni blonde ni brune. Elle paraissait grande, et Daniel a décidé qu'elle devait être la maîtresse de l'homme chauve. Elle semblait trop jolie pour être sa femme. Daniel voulait qu'elle le regarde à son tour, mais il ne savait pas comment faire. Et en plus il se demandait *ce qu'il pouvait *en gagner. À la fois, il voulait voir le visage de l'homme. Il lui paraissait un avoué, un notaire de province. Mais tout à coup il s'est obligé à changer de pensée. Il se sentait vraiment idiot avec ce jeu d'adolescent. Alors il s'est mis à observer le spectacle lumineux que le café lui offrait. Devant lui, une glace montrait l'image d'un cadre doré. Les lampes teignaient d'écarlate et de jaune tout autour de lui, les nappes, les verres, même les murs.

Le garçon est arrivé avec le consommé. Daniel a eu peur qu'il ne le fasse tomber sur lui, puis le garçon s'en est allé et il a commencé à jouir de son dîner. Mais le bouillon étant trop chaud, il a dû attendre un peu. Quand il a pu le goûter il l'a trouvé bon même s’il n'avait vraiment pas faim car il avait déjeuné très tard le matin. Il s'est obligé à finir le potage. À ce moment-là, la femme l'a regardé. Il a apprécié ses yeux expressifs, et encore une fois Daniel a été attiré par cette femme. Son désir s’est envolé vers elle et il a constaté qu'ils étaient en train de finir leur dîner. Il s'est fâché, il aurait voulu que le garçon ait été beaucoup plus rapide. Mais il ne venait que de finir son entrée. Il ressentait le besoin de faire connaissance avec la femme. Il a cherché le garçon mais il ne l'a pas vu. Son irritation a augmenté et il s'est mis à considérer s'il devait dîner chez lui. Peut-être que la concierge pouvait lui *préparer le dîner chaque jour, mais soudain il s'est rendu compte qu’il s'y ennuierait car au moins au restaurant il y a toujours quelque chose pour se distraire.

C.V.G.


B) Récit indirect libre: Version B.


Lorsqu’il entra, le café il lui apparut trop illuminé, rouge et doré. De plus, les reflets dans les glaces étincelaient à l’excès de lueurs bariolées. Il fut accueilli par un garçon au tablier blanc : « Monsieur a une table réservée ?-Lui demanda-t-il. » Non, il n’avait pas fait sa réserve et la salle était bondée a tel point que toutes les colonnes étaient chargées de chapeaux et de pardessus. Il eut l’impression que tous les regards s’étaient posés sur lui : des regards sévères, distraits, curieux, moqueurs ou graves comme celui de ce monsieur aux longs favoris qui avait l’air d’un juge. Il ressentit le besoin pressant de s’asseoir et de cesser d’être le centre. Il remarqua que sa place habituelle était heureusement vide. « Car on peut avoir une place habituelle, n’en déplaise à Léa qui n’aurait plus de quoi se moquer –songea-t-il. »

« Si monsieur veut bien me suivre… » le garçon le conduisit justement jusque sa table. Il accrocha son chapeau au porte-manteau, puis retira ses gants : là, debout, devant tout le monde, il se sentit possédé par le rôle qu’il avait à représenter en société. Il étudia minutieusement ses mouvements. Son instinct mondain lui disait qu’il fallait montrer une discrète nonchalance et sentit l’envie de jeter ses gants négligemment sur la table, à côté de l’assiette, comme il avait vu faire au Comte de Villeparsis, cet « arbiter elegantiorum » du grand monde parisien. Mais il pensa qu’ils encombreraient et qu’ils pourraient d’ailleurs se salir de sauce ou de vin. Il fit geste de les mettre dans la poche de son pardessus. Cependant, cela lui sembla une idée de domestique indigne de lui –« monsieur doit faire attention, monsieur peut salir ses gants. »- et il décida de les poser sur la table. En s’asseyant, les gants encore à la main, il se sentit vraiment las et ne trouvant pas assez de place sur la petite table il mit, sans trop se rendre compte, les gants dans la poche de son pardessus. Soudain, la fatigue aidant, il fut pris de vertige : les lumières miroitantes des lustres, le rouge velouté des murs, l’or clinquant des ornements de toutes sortes et les gens, femmes et hommes, le tout multiplié à l’infini dans le labyrinthe des glaces, l’engloutit l’éternité d’un instant. Il revint à lui en se servant de la profondeur d’une remarque banale « Je suis dans le café -se dit-il ». Et la réalité reprit sa consistance tridimensionnelle. Il remarqua une présence a côté de lui. C’était le garçon qui était venu à sa commande:

-Monsieur voudra bien prendre quelque chose ? –fit le garçon d’un ton poli et gentiment ironique.

-Que proposez-vous donc? –lui rétorqua-t-il fermement.

-Potage bisque, Saint-Germain, consommé…

-Consommé. –dit-il. Et ce seul mot prononcé sèchement suffit à couper la rengaine du garçon

-Ensuite, monsieur prendra… Alors qu’il disait ça, la carte sous le bras, il regardait ailleurs.

-Montrez-moi la carte…

-Vin rouge, vin blanc…

-Rouge…

Il jeta un coup d’œil rapide aux mets proposés sur la carte. Puis sans se poser trop de questions il fit son choix :

-Une sole ; du poulet avec du cresson.

-Sole, poulet, cresson… répéta machinalement le garçon alors qu’il gribouillait les noms des mets sur son calepin.

Il reprit ses aises à l’idée de dîner. Il trouvait ça plutôt agréable. Il remarqua tout de suite en face de lui une femme qui lui semblait assez jolie. Il ne pouvait pas trop juger car il ne voyait pas très bien son visage. Elle n’était ni brune ni blonde, l’air distingué et sûrement grande. Il imagina les liens avec l’homme chauve avec qui elle mangeait. Plus que sa femme c’était sa maîtresse, car il trouvait que ses façons n’étaient pas celles d’une femme mariée. Lorsqu’elle le regarda il pu réaliser que c’était vraiment une jolie femme. Son bonhomme de partenaire lui paraissait plutôt stupide. Il décréta qu’il était avoué ou notaire de province. Se rendant compte de la bêtise de ses propos –l’envie ou la jalousie faisait que chaque fois qu’il voyait une belle femme accompagnée de son homme il pensait que celui-ci ne la méritait point- il se mit à attendre son repas. De façon distraite il se mit à contempler le spectacle dans la glace en face de lui, à analyser les différents éléments du tableau : les enluminures vermillonnées, les feux de teintes écarlates, la lumière jaune clair du gaz sur les murs, les nappes blanches, les glaces et les verreries. Il se sentait vraiment à l’aise et il éprouvait une vive sensation de bien-être lorsqu’il prenait conscience de ce bonheur simple émanant de la pure perception sensorielle. Le consommé fumant arriva. Il s’écarta prudemment de peur que le garçon ne l’éclabousse. Il goûta, le trouva bon quoique chaud. De toute façon il n’avait pas trop faim car il avait déjeuné un peu tard. « Il faut dîner –se dit-il. » « Et puis la faim vient en mangeant –dit-on. » Le bouillon terminé, il remarqua que la femme avait encore regardé dans sa direction ce qui lui permit tout de suite d’imaginer, voire de réaliser, la possibilité d’une relation avec elle. Ses yeux lui parurent d’autant plus expressifs que le soi-disant mari était terne. Il observa qu’ils en étaient déjà au rôti et il sentit le besoin de se hâter lui-même dans son repas. Comme il dépendait du garçon il songea à demander au concierge –moyennant peu de frais- de prendre les repas chez lui. Mais il écarta tout de suite cette idée puisqu’au moins, lui, essentiellement mondain, dans le restaurant il ne s’ennuyait pas.

L.S.